C’est aujourd’hui la réalité de l’évolution du management : le métier perdure mais l’impermanence de ses contours demande toujours plus d’agilité.
Plus particulièrement, la nécessaire évolution d’un management centré sur la relation plutôt que sur une expertise met en inconfort celles et ceux pour qui le/la « chef/fe » est encore celui ou celle qui « sait mieux ».
L’accélération des appuis technologiques change, plus rapidement que tout ce qui avait été prédit, la plus-value de la présence d’un Humain dans l’organisation. A quoi servons nous si le « travail » est toujours plus automatisé ?
L’ère du 4.0 annonce la floraison d’une nouvelle plante managériale : celle qui se concentrera sur la création d’un environnement de travail collaboratif et innovant ; un savoir-vivre et un savoir-être au-delà d’un savoir et d’un savoir-faire.
30 ans d’innovation : du fax aux IA
Les actuels quinquagénaires ont connu, au début de leur carrière, le fax voire, le carbone dans certaines petites structures. Pour les plus jeunes lecteurs, je ne suis pas certain que ces deux procédés signifient quoi que ce soit.
Dans les années 80, le minitel trônait sur les bureaux des dirigeants avant que le réseau militaire web et son www fit d’internet la nouvelle révolution technologique dans les années 90.
L’innovation est dans la nature humaine et, à chaque nouveau cycle, les plus réticents projettent leurs peurs en proférant que ces nouveautés causeraient tel ou tel dégât.
Peut-être. Peut-être pas.
Ce qui est assez extraordinaire avec l’avènement des intelligences artificielles – et de fait, effrayant tout autant qu’excitant – est leur capacité d’apprentissage.
Pas de conscience. D’apprentissage. C’est différent et tout nouveau.
Une efficience particulière en découle et les intentions d’intelligence collaborative, d’autonomisation des salariés ou encore de meilleures balances entre vie professionnelle et vie personnelle se concrétisent.
Cette révolution qui ne cesse de muter engendre, par reflet, des mutations plus rapides encore dans les organisations. Donc dans le management.
Nos anciennes pratiques fanent et de nouvelles pousses sont attendues, espérées même.
Des changements fonctionnels concrets
Le partage de connaissance et la facilitation en communication impactent positivement la prise de décision. Par la force des choses, les structures s’aplatissent et reconsidèrent l’utilité des organigrammes pyramidaux à multiples strates.
Cette volonté d’agilité n’est pas nouvelle mais elle prend son envol avec l’avènement du 4.0. La multimodalité aide grandement le passage de l’intention à l’action. Tout peut s’apprendre à distance, la présence de l’être humain doit apporter un « quelque chose » en plus.
Nous devenons des êtres aux méthodes biodégradables et avons donc à nous rassurer sur ce qu’est aujourd’hui notre valeur : notre capacité à accepter de toujours tout recommencer de zéro ou du moins, de pas grand-chose.
Difficile pour celles et ceux qui ont des velléités de puissance…
Est-ce cette crainte du « succès sans moi » qui a motivé des dirigeants à demander à leurs salariés de revenir en présentiel ? Quel intérêt ? Se voir… Et après ?
Si se voir consiste à faire exactement la même chose que chez soi – être derrière un écran à compulser des données – mais sur un plateau bruyant.
Aucun intérêt.
Si se voir consiste, en temps cadré, à développer des moments de plus-value humaine. Oui. Bien entendu. Faut-il s’entendre sur ce qu’est un moment de qualité humaine.
Un équilibre est à trouver. Pour ce faire, désapprendre toujours plus rapidement pour apprendre à apprendre à faire autrement est un défi.
C’est cela être biodégradable.
La plus-value humaine
Les « nouvelles » attentes des salariés ou plutôt, les attentes « assumées », s’orientent vers davantage d’indépendance et de flexibilité. Dans cette logique et du fait de l’évolution de la société, les acteurs d’aujourd’hui recherchent des leaders inspirants, pas des managers du siècle passé. Ils préfèrent être guidés plutôt que contrôlés, découvrir plutôt qu’appliquer, essayer plutôt que reproduire.
Un manager biodégradable suit une croissance complexe :
ses pratiques anciennes gagnent à se décomposer sans laisser de matières toxiques dans l’environnement et notamment, dans l’esprit des collaborateurs,
ce qu’il a semé permet de faire pousser de nouvelles boutures qui vont grandir en évitant trop de mimétisme,
par « beau temps », ses équipes fonctionneront sans lui mais par « gros temps », il saura décider car telle est sa plus-value,
il fait de l’innovation – dont il est vite « largué » - un axe de développement,
à l’automne de son activité, sa séniorité lui demande de s’effacer progressivement.
Les enjeux du management touchent à la lucidité de sa propre croissance : grandir, fleurir et devenir un engrais pour les autres. Dans un monde toujours plus technologique, cela peut paraître paradoxal alors qu’il s’agit d’une forme de cohérence.
Utiliser la technologie est un moyen au profit d’une finalité noble qui est de mieux collaborer entre nous.
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